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Les options comme outil de protection contre les fluctuations du marché et le risque extrême

Patrick Ceresna
17 novembre, 2016
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Les options comme outil de protection contre les fluctuations du marché et le risque extrême

De nombreux signes suggèrent que les cycles économiques, les cycles obligataires et boursiers sont en pleine phase maturité. Selon le schéma traditionnel, on pourra s’attendre à une période de forte correction, comme il s’en est produit par le passé. À l’approche de l’inévitable, les gestionnaires de portefeuilles qui appliquent une stratégie de placement de long terme (« buy and hold ») s’appuieront sur les volumineuses études universitaires qui suggèrent qu’une bonne diversification du portefeuille avec une perspective à long terme représente le moyen le plus pratique pour un investisseur de passer au travers de cette période. Inversement, les avocats de la tendance baissière continueront de sonner l’alarme et d’exhorter les investisseurs de se mettre sur la touche. Entre ces deux positions opposées existe un nombre incalculable de variations des approches de gestion active, de stratégies systématiques et de techniques d’anticipation du marché, assez pour donner le vertige à plus d’un investisseur. Que peut faire l’investisseur?

Pour répondre à cette question, il faut bien connaître l’investisseur moderne ainsi que les grandes tendances qui ont mené aux états d’investissement actuels.
Alors, que veulent la majorité des investisseurs? Une stratégie bon marché, à faible risque, qui offrira un rendement au-dessus des moyennes. (C’est aussi réaliste que de demander une licorne pour Noël.)

Preuve à l’appui, l’investisseur passif qui adopte des placements indiciels démontre qu’en éliminant les frais de gestion active, la stratégie de gestion passive a supplanté de 85 % la performance des gestionnaires qui utilisent une gestion active ainsi que de la plupart des fonds de couverture. Cet état de fait a donné lieu à un phénomène étonnant, soit la migration de masse des investisseurs, tant institutionnels que particuliers, vers les méthodes de gestion passive.

Cela, à mon avis, a généré plusieurs nouveaux risques que n’ont pas encore entièrement assimilés les investisseurs. Quels sont ces risques?

  1. La concentration de tous les investisseurs dans les mêmes placements signifie qu’il devient pratiquement impossible de surpasser la performance du marché, parce que l’investisseur « représente » le marché. Dans le contexte actuel où les taux d’intérêt sont nuls ou négatifs, les prix de presque tous les actifs atteignent les multiples les plus élevés de la décennie, ce qui réduit la probabilité d’obtenir de vrais rendements.
  2. Les marchés sont de moins en moins efficaces à tirer profit des écarts de prix. Un bon exemple est de constater la grande pondération des actions énergétiques dans les indices canadiens TSX 60. Des flux monétaires provenant d’achats de fonds indiciels passifs et de fonds de revenu servent de façon systématique et non discriminatoire à l’achat d’actions fondées sur la pondération de la capitalisation boursière, sans égard aux évaluations. Cela amène les titres de la grande majorité des sociétés du secteur de l’énergie à se négocier à des multiples parmi les plus élevés des dix dernières années, à une période où le prix, les produits et les bénéfices du pétrole ne se sont pas encore relevés.
  3. Le risque de voir l’investissement passif se transformer en vente active à un moment où les pertes déclenchent une aversion instinctive au risque. L’instinct grégaire des investisseurs pourrait engendrer une vague montante de vente, comme plusieurs modèles systématiques de répartition tactique d’actifs pourraient causer un effondrement du cours comme en a connu la livre anglaise, alors que la liquidité, ou plutôt le manque de liquidité, provoque des chutes rapides pendant les inévitables déclins du marché. Cela pourrait produire l’effet imprévisible de pousser l’investisseur passif à réagir émotionnellement en devenant un vendeur actif, la pulsion d’auto conservation – et l’aversion au risque prenant le dessus.

La conséquence probable de ce phénomène est que l’investisseur moderne qui cherche une stratégie « bon marché, à faible risque, avec un rendement au-dessus des moyennes » finira par obtenir un résultat diamétralement opposé à celui souhaité, soit des placements bon marché offrant un rendement en deçà des moyennes et d’une volatilité angoissante.

Alors, revenons à la question de départ. Que peut faire l’investisseur?

Se protéger contre le risque extrême! Qu’est-ce qui pousse un investisseur à abandonner l’investissement passif pour devenir un vendeur actif? La peur des pertes catastrophiques. Il ne s’agit pas ici d’une correction de 10 %, mais plutôt de la possibilité de voir son portefeuille de 1 million de dollars subir une perte latente dévaluant sa valeur au marché à 500 000 dollars ou moins. Bien sûr, la perspective historique à long terme laisse entrevoir que tout ira bien, mais cela ne réduira pas la douleur et le trouble ressentis durant les périodes d’incertitude au sujet de questions comme la retraite et les revenus.

Ainsi, pourquoi ne pas enrayer le risque de perte catastrophique sans vendre vos placements?

Le secret d’une gestion du risque efficace ou de rendements au-dessus des moyennes est d’agir différemment du reste des investisseurs. Intégrer des options dans leurs portefeuilles représente l’une des façons les plus accessibles aux Canadiens d’agir différemment, que ce soit en les ajoutant à leurs placements dans des comptes enregistrés comme les REER, les FERR, les REEE et les CELI.

Prenons un exemple : un investisseur gère un portefeuille de 1 000 000 de dollars diversifié en plusieurs FNB indiciels passifs. Une portion de ce portefeuille est une position de 10 000 parts du iShares S&P/TSX60 Index ETF (TSX : XIU). Notre investisseur reconnaît que le cycle du marché est relativement avancé et il cherche un moyen de se protéger contre le risque extrême d’un déclin marqué du marché. Dans cet exemple, l’investisseur utilise les options pour créer un tunnel basé sur des ratios.

  • Le XIU se négocie à 21,94 $ (au 31 octobre 2016).
  • Notre investisseur détient 10 000 parts, ou 219 400,00 $, du XIU.
  • Il cherche à éliminer tout risque d’une chute sous 19,00 $, ou tout risque d’une perte de plus de 13,40 %.
  • Il achète 100 options de vente ayant un prix de levée de 19,00 $ et échéant en mars 2017 (au prix de 0,24 $) pour un coût total de 2 400,00 $ (débit).
  • Il vend 50 options d’achat couvertes ayant un prix de levée de 22,50 $ et échéant en mars 2017 (au prix de 0,50 $) pour un revenu total de 2 500,00 $ (crédit).

Qu’a fait l’investisseur?

Il s’est créé une couverture à l’aide d’options SANS FRAIS! Un scénario où il reçoit le dividende de 2,77 % sur le total des 10 000 parts détenues. L’investisseur recueille 100 % des gains sur 5 000 parts. Il existe une obligation potentielle de vendre les 5 000 parts restantes à 22,50 $, ou à un prix de 2,50 % plus élevé que le cours actuel de l’action. Cela vient avec une couverture d’option de vente qui élimine tout risque de perte liée à une part à moins de 19,00 $, bloquant la perte maximale à -13,40 % majorée des dividendes reçus. Un investisseur détenant un tel contrat de conversion du risque d’action (hedge wrap) pourrait aisément éviter de vendre en panique en cas de krach boursier, puisqu’il a déjà établi sa perte maximale à l’avance.

Il ne s’agit là que d’une des multiples façons pour l’investisseur d’utiliser les options afin de tirer profit des rendements, de se protéger du risque ou d’accroître ses revenus. Si cela vous semble intéressant, il est peut-être temps pour vous d’apprendre à utiliser les options dans votre portefeuille de placement.

 

Patrick Ceresna
Patrick Ceresna http://www.bigpicturetrading.com

Gestionnaire spécialisé en produits dérivés

Big Picture Trading Inc.

Patrick Ceresna est le fondateur et le conseiller en chef en matière de stratégies boursières de Big Picture Trading. Il est aussi coanimateur des balados MacroVoices et Market Huddle. Il détient les titres de Chartered Market Technician (technicien agréé du marché), de gestionnaire spécialisé en produits dérivés et de gestionnaire de placements agréé. En plus de ses fonctions à Big Picture Trading, M. Ceresna offre une formation sur les produits dérivés de la Bourse de Montréal, membre du Groupe TMX. La formation, qui s’adresse aux investisseurs et aux professionnels en placement de partout au Canada, porte sur les nombreuses fonctions utiles des options à l’intérieur d’un portefeuille de placements. Patrick se spécialise dans l’analyse des conditions macroéconomiques du marché mondial et dans la manière de convertir ces dernières en occasions de placement et de négociation concrètes. Sa connaissance avancée de l’analyse technique lui permet d’établir des liens entre les différents thèmes macroéconomiques dans le but de suggérer des stratégies de négociation à mettre en œuvre. Fort de solides connaissances en négociation d’options, il recherche des occasions de placement à profil de risque et de rendement asymétrique qui permettent de tirer avantage des rendements, tout en cernant et en gérant le risque ou en générant des revenus accrus et stables. Patrick a conçu et il enseigne activement les programmes de maître offerts par Big Picture Trading sur les aspects techniques de la négociation, la négociation d’options et la macroéconomie. Il fournit également aux membres le contenu des webinaires quotidiens d’analyse du marché en direct, des services d’alerte et des modèles de portefeuille.

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