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La structure par termes des volatilités implicites

Martin Noël
27 février, 2017
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La structure par termes des volatilités implicites

L’évolution des volatilités implicites nous renseigne sur les anticipations des participants au marché des options sur les fluctuations futures des rendements sur un titre en particulier.

Pour ce faire, nous allons faire l’analyse des volatilités sur le titre Great Canadian Gaming Corporation (GC) qui se négocie à 23,79 $ en date du 24 février 2017.

Le graphique suivant illustre la courbe de volatilité (« Smile ») pour chaque échéance en fonction des prix de levée sur les options d’achat du titre GC.

Nous pouvons observer que les volatilités pour les échéances d’avril, juillet et octobre sont regroupées dans un intervalle relativement serré entre 25% et 28%. Cependant, l’échéance du mois de mars se démarque de manière très nette en flottant au-dessus des autres avec une courbe qui évolue de 32% à 44%.

 

1 – Graphique des courbes de volatilité sur GC

Le second graphique illustre l’évolution des volatilités implicites des options d’achat et des options de vente au prix de levée de 24 $ pour chaque échéance.

Les variations de volatilité d’une échéance à l’autre nous renseignent sur le risque perçu par le marché en fonction du temps, autrement dit, les écarts de volatilités dans le temps. C’est ce qu’on appelle la structure par termes des volatilités implicites.

2 – Graphique de la structure par termes des volatilités sur GC

Dans le cas de GC, force est de constater que l’échéance du mois de mars se démarque clairement avec une volatilité implicite près de 34% alors qu’elle est de plus ou moins 27% pour l’échéance du mois d’avril. Cela semble être une anomalie dont on pourrait tirer avantage à première vue. En effet, nous pourrions être tentés d’établir un écart horizontal :

  • en vendant les options d’achat du mois de mars, qui semblent surévaluées, et
  • en achetant les options d’achat du mois d’avril qui sont relativement sous-évaluées (on pourrait faire la même stratégie en utilisant les options de vente).

Nous pourrions ainsi tirer avantage de la différence de volatilité entre les deux échéances si le prix de GC demeure stable jusqu’à l’échéance de mars.

Cependant, si cela semble trop beau pour être vrai, peut-être devrions-nous nous poser des questions? En effet, lorsqu’on observe une telle anomalie, il faut être prudent et chercher à en connaître la raison. En finance, il n’y a rien de gratuit. En faisant quelques recherches sur le site de TMX Argent (http://www.tmxmoney.com/fr/), on découvre que les résultats financiers de GC seront publiés le 7 mars prochain. Voilà la raison qui explique cet écart!

Le marché s’attend donc à ce qu’il y ait plus de fluctuations que d’habitude à la suite de la divulgation des résultats, ce qui par conséquent se reflète dans le prix des options, à travers le niveau de volatilité implicite.

Ainsi, l’établissement d’un écart horizontal est moins évident que ce qu’on aurait pu croire au départ puisque cette stratégie tire avantage de la stabilité relative des prix jusqu’à l’échéance des options vendues. Or, dans ce cas-ci, le marché anticipe plutôt que le prix des actions de GC fluctuera plus que la normale.

Alors que faire?

Si vous croyez que le marché a tort alors allez-y quand même car vous serez récompensé par une prime plus élevée sur les options d’achat que vous vendrez. Mais en contrepartie vous courrez un risque plus élevé d’encourir des pertes si le prix de GC fluctue beaucoup après la publication des résultats financiers.

En effet, vous pouvez vous servir de la courbe de volatilité (« Smile ») du mois de mars pour établir des écarts haussiers en achetant les options d’achat, ou de vente, à faible volatilité et en vendant les options d’achat, ou de vente, à volatilité plus élevée. Vous pourriez également établir un écart sur ratio d’options d’achat, ou d’options de vente, en achetant les options à faible volatilité et en vendant deux contrats ou plus d’options de même type pour chaque contrat acheté. Ainsi, vous pourriez tirer avantage de cet écart de volatilité en vendant davantage d’options à volatilité élevée. Il ne faut pas oublier qu’il faut bien évaluer les risques avant d’effectuer ce genre de stratégies.

Nous avons ainsi plusieurs opportunités qui s’offrent à nous. Trois choses peuvent se produire, 1) le marché fluctuera plus que prévu, 2) le marché fluctuera moins que prévu, et 3) le marché ne fluctuera pas du tout.

Si vous pensez que le marché fluctuera plus que prévu alors vous pouvez acheter, entre autres, un straddle au prix de levée de 24 $, et le revendre à profit au lendemain de la publication si le prix fluctue plus que la valeur du straddle, dans un sens ou dans l’autre. Vous pouvez également acheter un strangle pour avoir un effet de levier plus grand, ou établir un écart papillon, ou condor, inverse.

Si vous pensez que le prix fluctuera moins que prévu, ou qu’il ne fluctuera pas du tout, alors vous pouvez vendre, entre autres, un straddle au prix de levée de 24 $, et le racheter à profit au lendemain de la publication si le prix fluctue moins que la valeur du straddle. Vous pouvez également vendre un strangle ou établir un écart papillon, ou condor.

Bonnes transactions et bonne semaine!

Les stratégies présentées dans le cadre de cette chronique ne le sont qu’à titre d’information et de formation et ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations pour acheter ou vendre toutes valeurs mobilières. Comme toujours avant de mettre en place des stratégies d’options assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêts à en assumer tous les risques.

Martin Noël
Martin Noël http://lesoptions.com/

Président

Corporation Financière Monetis

Martin Noël a obtenu un MBA en services financiers de l'UQÀM en 2003. La même année, il a reçu le Brevet de l'Institut des banquiers canadiens et la Médaille d'argent pour ses efforts remarquables dans le cadre du Programme de formation bancaire professionnelle. Monsieur Noël a commencé sa carrière dans le domaine des instruments dérivés en 1983 à titre de mainteneur de marché sur options, sur le parquet de la Bourse de Montréal, pour le compte de diverses firmes de courtage. Il a également occupé le poste de spécialiste sur options et, par la suite, de négociateur indépendant. En 1996, monsieur Noël est entré au service de la Bourse de Montréal à titre de responsable du marché des options où il a contribué au développement du marché canadien des options. En 2001, il a participé à la création de l'Institut des dérivés de la Bourse de Montréal où il a œuvré à titre de conseiller pédagogique. Depuis 2005, Martin est chargé de cours à l'UQÀM où il enseigne un cours sur les instruments dérivés au deuxième cycle. Depuis mai 2009, il est président à temps plein de la CORPORATION FINANCIÈRE MONÉTIS, une société active dans la négociation professionnelle et en communication financière. Martin agit comme collaborateur régulier en matière d’options pour la Bourse de Montréal.

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