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« Achat sur fléchissement des cours » des titres de sociétés de placement immobilier

Patrick Ceresna
5 décembre, 2016
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« Achat sur fléchissement des cours » des titres de sociétés de placement immobilier

Il est incroyable d’avoir assisté à ce qui s’est passé en novembre 2016. La victoire de Donald Trump a entraîné un virage à 180 ° dans la réflexion macroéconomique. Des personnes influentes en la matière comme Ray Dalio, Stanley Drunkenmiller et Jeffery Gundlach ont discuté de ce que l’on croit ouvertement être un nouveau cycle de croissance et d’inflation dans le monde. Une période au cours de laquelle les taux d’intérêt doivent monter et refléter de nouvelles prévisions inflationnistes à la hausse.

Cette anticipation a causé l’une des plus importantes liquidations d’obligations à l’échelle mondiale sur un mois, principalement des obligations gouvernementales de première qualité. Cette liquidation représente des milliards de dollars. Bien peu de pays ont été épargnés sur les marchés obligataires; le Canada n’a pas fait exception : on y a observé une hausse de plus de 50 % des taux d’intérêt, comme en témoigne le taux de rendement de référence des obligations du gouvernement canadien de 10 ans (taux qui est passé de 0,95 % à 1,58 %).

Ce revirement dans l’analyse de la situation macroéconomique a accéléré une rotation importante des catégories d’actifs et des secteurs, entraînant l’abandon des obligations et autres titres hautement sensibles aux taux d’intérêt au profit de titres cycliques et de titres financiers. Voir la ventilation par secteur ci‑après.

Est-ce là la grande rotation attendue depuis longtemps et annoncée de façon manifeste depuis trois ans? Sommes-nous dans un nouveau marché baissier des obligations qui se prolongera?

Je suis d’avis que les investisseurs se précipitent trop à croire que le marché a changé de direction pour de bon, particulièrement au Canada. Bien que le président désigné Trump favorisera un regain de croissance dans l’économie américaine, cela entraînera probablement un niveau considérable d’incertitude chez les Canadiens en raison des changements qu’il pourrait y avoir dans les accords commerciaux existants et de nouvelles politiques protectionnistes au sud de la frontière.

Dans un proche avenir, deux facteurs clés pourraient faire en sorte que la corrélation actuelle entre la tendance des taux d’intérêt au Canada et celle aux États‑Unis ne tienne plus.

  1. Le Canada ne subit pas les mêmes pressions que les États‑Unis en ce qui a trait à la croissance et à l’inflation. L’Organisation de coopération et de développement économiques prévoit toujours une croissance très modeste de 1,20 % au Canada cette année et une croissance de 2,10 % l’an prochain. Les prévisions trimestrielles constamment à la baisse de la Banque du Canada concernant la croissance confirment cette analyse. Il est peu probable que cela donne naissance à des pressions inflationnistes au Canada.
  2. Les politiques monétaires de la Réserve fédérale et de la Banque du Canada sont différentes. Tandis que la Réserve fédérale s’apprête à hausser et à normaliser les taux d’intérêt, la Banque du Canada est davantage disposée à faire des compromis.

Permettez que je vous expose un scénario différent. Et si le krach obligataire observé en novembre était terminé? Et si les taux d’intérêt demeuraient faibles au Canada, même s’ils grimpent aux États‑Unis?

Si ces hypothèses se confirmaient, elles pourraient révéler un scénario selon lequel les titres cycliques et les titres financiers sont parfaitement évalués, mais les titres des sociétés de placement immobilier, les titres des services d’utilité publique et les titres obligataires font l’objet d’une vente excessive et représentent une occasion attrayante de rendement ajusté au risque.

Si vous adhérez à cette idée, vous devez vous considérer pour le moins comme anticonformiste, puisque bien peu de gens partagent ce point de vue. Ainsi, l’« achat sur fléchissement des cours » représente une position angoissante. Dans un tel cas, il peut être intéressant d’adopter une stratégie sur options pour prendre une position.

À titre d’exemple, penchons-nous sur l’indice relatif aux sociétés de placement immobilier.

Un investisseur envisage d’acheter des parts du fonds négocié en bourse (FNB) iShares S&P/TSX Capped REIT Index ETF (TSX : XRE) à long terme, mais il n’est pas certain que le moment soit bien choisi de les acheter pour profiter du fléchissement de leur cours. Il cherche une stratégie qui lui permettra de fixer un prix d’achat, tout en lui donnant quelques mois pour voir quelle sera la situation du marché au début de la nouvelle année une fois que les choses se seront calmées.

  • L’investisseur souhaite acheter 2 000 parts pour un investissement de 30 000 $ dans le FNB.
  • Le titre XRE se négocie à 15,42 $ le 30 novembre 2016.
  • Le cours acheteur de l’option d’achat au prix de levée de 15,00 $ échéant le 20 janvier 2017 est de 0,70 $.
  • L’option a une valeur intrinsèque de 0,42 $ et une valeur temps de 0,28 $ (1,82 %).

L’investisseur achète 20 contrats portant sur l’option d’achat au prix de levée de 15,00 $ échéant en janvier pour la somme de 1 400,00 $ (20 × 100 × 0,70 $). Il s’assure ainsi de pouvoir acheter 2 000 parts au prix garanti de 15,00 $ (les parts se négocient actuellement à 15,42 $). Après avoir déboursé 0,70 $ la part, l’investisseur aura payé un prix de base moyen de 15,70 $ la part (15,00 $ + 0,70 $) s’il exerce son option.

Qu’a fait l’investisseur? Il s’est donné environ deux mois pour décider s’il veut acheter les parts ou non. Si l’hypothèse selon laquelle il est préférable de procéder à un « achat sur fléchissement du cours » se confirme rapidement et que le cours des parts du FNB continue de descendre de plus en plus, l’investisseur peut simplement abandonner son plan initial : sa perte maximale est la prime versée pour les options d’achat.

Dans le cas contraire, si les prévisions de l’investisseur étaient justes et que les cours des titres de sociétés de placement immobilier rebondissent, de sorte que le prix fixé par l’investisseur se révèle opportun, ce dernier peut exercer son droit d’acheter les 2 000 parts du FNB à 15,00 $, puis les conserver à long terme.

Dans une période où le niveau de volatilité et d’incertitude est considérable, il peut convenir de payer une prime modique afin de se donner la chance de bien choisir le moment d’investir.

Patrick Ceresna
Patrick Ceresna http://www.bigpicturetrading.com

Gestionnaire spécialisé en produits dérivés

Big Picture Trading Inc.

Patrick Ceresna est le fondateur et le conseiller en chef en matière de stratégies boursières de Big Picture Trading. Il est aussi coanimateur des balados MacroVoices et Market Huddle. Il détient les titres de Chartered Market Technician (technicien agréé du marché), de gestionnaire spécialisé en produits dérivés et de gestionnaire de placements agréé. En plus de ses fonctions à Big Picture Trading, M. Ceresna offre une formation sur les produits dérivés de la Bourse de Montréal, membre du Groupe TMX. La formation, qui s’adresse aux investisseurs et aux professionnels en placement de partout au Canada, porte sur les nombreuses fonctions utiles des options à l’intérieur d’un portefeuille de placements. Patrick se spécialise dans l’analyse des conditions macroéconomiques du marché mondial et dans la manière de convertir ces dernières en occasions de placement et de négociation concrètes. Sa connaissance avancée de l’analyse technique lui permet d’établir des liens entre les différents thèmes macroéconomiques dans le but de suggérer des stratégies de négociation à mettre en œuvre. Fort de solides connaissances en négociation d’options, il recherche des occasions de placement à profil de risque et de rendement asymétrique qui permettent de tirer avantage des rendements, tout en cernant et en gérant le risque ou en générant des revenus accrus et stables. Patrick a conçu et il enseigne activement les programmes de maître offerts par Big Picture Trading sur les aspects techniques de la négociation, la négociation d’options et la macroéconomie. Il fournit également aux membres le contenu des webinaires quotidiens d’analyse du marché en direct, des services d’alerte et des modèles de portefeuille.

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